Matthieu Carnot, dans le rôle du Comte de Peyrolles.

C’est la mère du batteur de son groupe qui les a informés d’une annonce dans laquelle Bruno Berbérès cherchait des artistes « couleur rock » entre 20 et 30 ans pour une nouvelle comédie musicale. Sans y croire un instant, Julien, le batteur en question, y répond. Il envoie un clip du groupe en signalant que le chanteur avait le profil recherché… Intéressé, Bruno Berbérès invite Matthieu à venir à Paris. Il chante Five Years de David Bowie, Mad World de Gary Jules, Temps à nouveau de Jean-Louis Aubert, du Noir Désir… Et c’est ainsi qu’il a
hérité du rôle de Lazare, l’Amant de la Bastille.

Né à Landerneau (Finistère), Matthieu Carnot a quitté sa Bretagne pour venir vivre à Grenoble en 2003. Mais depuis deux ans, le virus du rock s’était instillé dans ses veines. Radiohead était passé par là : « Dès que j’ai entendu cet album, j’ai voulu chanter comme Thom Yorke ! » Alors, il se met à la guitare ; il apprend tout seul…
En même temps, il suit de solides études littéraires (khâgne, hypokhâgne) : « Je n’ai pas pu faire l’Ecole Navale parce que je n’étais assez bon en sciences, alors, j’ai visé Saint-Cyr. Mais on m’a trouvé trop frondeur. J’avais du mal à
recevoir des ordres, notamment quand je les trouvais injustes ». Tout en
continuant à se produire ça et là avec sa guitare, il décroche une licence de lettres modernes à la Sorbonne et sort diplômé de Sup de Co Grenoble après deux ans d’études… Tête bien pleine et bien faite, Matthieu décide de ne se consacrer qu’à sa vraie passion, la musique. En janvier 2008, avec trois camarades, Simon à la guitare, David à la basse et un second David à la batterie, il crée un groupe de rock indépendant, Caravage, formation qui connaît un réel succès dans tout le Dauphiné.
Non content d’être une tête bien pleine, Matthieu, grand amateur d’opéra, est aussi un sportif accompli. Il pratique le foot, la course à pied, la natation, le ski et il est ceinture noire de judo.

Lorsque, rétrospectivement, on fouille un peu le proche passé de Matthieu, il est étonnant d’y découvrir des signes prémonitoires de son aventure musicalo-révolutionnaire. En fin d’année 2010, alors qu’il ne peut absolument pas être au courant du nouveau projet de Dove Attia et Albert Cohen, il découvre le film La Révolution française, de Robert Enrico, sorti en 1989. Or, c’est précisément ce film qui sera projeté aux principaux protagonistes de 1789, Les Amants de la Bastille pour qu’ils s’imprègnent bien de l’ambiance et des personnages qui ont nourri cet évènement fondamental de notre Histoire. « C’est une période qui m’intéresse beaucoup. J’avais également lu les livres de Max Gallo sur ce même sujet… Mais ce qui est encore plus troublant c’est qu’à Grenoble, j’habite rue Lazare Carnot ! ». C’est également la ville d’où sont parties les prémisses de la Révolution française en 1788. La mobilisation de la population pour défendre ses parlementaires allait entraîner l’année suivante la convocation des Etats généraux. Et ce sont deux Grenoblois qui sont à l’origine du Serment du jeu de paume…
C’est carrément de la prédestination ! »
Lorsqu’il a découvert les grands traits de caractère de son personnage, Matthieu Carnot s’est montré tout aussi surpris : « Psychologiquement, Lazare me ressemble. Il est ombrageux, ténébreux, parfois cynique. Il est un peu « Breton ». Il a comme moi une haine maladive de l’injustice. C’est quelqu’un qui va au bout de ses engagements ».